Transports amoureux

    Même si je lui préfère l’urgence insensée du courrier des lecteurs de Télé7jours, je ne rechigne pas à me farcir celui des quotidiens gratuits. J’en attends toujours une analyse peoplitique pertinente ou un coup de gueule bien relevé contre ce monde où vraiment on se fout de la gueule de qui, je vous le demande. Ce lundi 22 mai, rien de tout cela,   le courrier des lecteurs n’était qu’une sorte de perdu de vue amoureux du genre «on s’est vu, on s’est plu, on n’a pas pu, il est toujours temps de se bouffer le cul » que je traduirais pour les plus djeunz par « on sé téma, j’té kiffé, grave envie de te serrer, allez vi1 te faire tourner».
    Même si ma ligne de métro favorise les rapprochements et autres attouchements, je n’ai jamais été suffisamment ravagé par son romantisme intrinsèque pour me laisser aller à tomber amoureux. Je n’ai donc jamais pu lancer d’appel désespéré, pour retrouver un amour qui, à peine présenté, s’était empressé de descendre à Saint-Lazare sans crier gare, alors que pourtant c’était l’occasion rêvée. Rappelons que l’amour peut vous tomber dessus à n’importe quel moment, chez le proctologue, à l’abattoir, et même à un concert d’Hélène Ségara, car l’amour s’il est taquin, joue parfois au plus con, au risque de perdre. Tout ça pour dire qu’il faut rester vigilant, d’autant plus que l’efficacité du courrier des lecteurs n’est pas assurée, l’amour parfois ne sait pas lire, lit paris match, ou a déjà lu tous les livres. Dans ce cas il y a des chances qu’il trouve la chair triste hélas, c’est ballot.
Il faut donc saisir l’amour quand il passe, ou le rater mais alors assumer et ne pas faire chier. Parce que tout le monde se fout comme de son premier râteau que pauvresse75 était assise le 3 mai dans le RER en face de bogosse77, qu’ils se sont souri, et que pauvresse75 toute dégoulinante de désir avec l’arrivée des beaux jours a pris ça pour une ouverture alors que peut être non.
    Puisqu’on en est aux messages personnels, j’aurais quelques messages à faire passer moi aussi, après tout c’est mon blog, je fais ce que je veux.
    1 - Tu es souvent dans le métro avec moi, nous n’avons pas échangé de regard, ni aucun autre fluide. Je crois que tu es souvent trahi par ton deo 72 heures au bout de seulement 69 heures, et que par conséquent tu sens le faisan.D’une, ce n’est pas joli joli de compter sur la technologie pour masquer ton manque d’hygiène apparent, 72 heures c’est beaucoup trop entre deux ablutions. De deux, lave-toi, et peut-être pourrons-nous faire nos lèvres se rencontrer.
    2 - Tu es souvent dans le métro, avec moi, devrais-je dire nous. Tu as une énorme poussette que tu conduis comme un tracteur, ou un énorme sac qui fait mal dans les côtes, voire un énorme air fatigué que tu arbores, en plus de ton air con, pour justifier l’usage du strapontin alors que la rame est pleine à 165 % de sa capacité. À ma connaissance, je ne t’ai rien fait, sinon épargner ta pauvre existence de mon plus profond mépris. Aussi je te serais infiniment reconnaissant d’entrapercevoir l’éventualité que les êtres humains qui t’entourent ne sont pas là pour t’apporter confort et sérénité.